Publication : le 30 novembre 2023
Contributeurs : Tom Krantz, Alexandra Jonker
La durabilité est la volonté des gens de coexister sur la Terre à long terme sans en épuiser les ressources naturelles. L’objectif est de créer un avenir plus durable tant pour les personnes que pour la planète.
Si les modes de vie et les pratiques durables remontent aux civilisations les plus anciennes, le concept et la terminologie eux-mêmes sont relativement récents. Par conséquent, de nombreux aspects, de la définition de la durabilité à sa mesure et à sa validité, font l'objet de débats.
Ce guide présente les éléments à inclure dans un plan d'action en faveur du développement durable, la structure, les parties prenantes à impliquer et un modèle téléchargeable en prime.
L’ampleur du changement climatique et son impact tant sur les écosystèmes mondiaux que sur les communautés au niveau local sont devenus une préoccupation de plus en plus prégnante ces dernières années.
L’aggravation des problèmes environnementaux, l’épuisement des ressources naturelles et les besoins toujours croissants en énergie et en nourriture créent une crise existentielle pour les personnes et les entreprises, qui subissent des perturbations de plus en plus importantes dans leurs opérations et leurs chaînes d’approvisionnement.
La menace du changement climatique et des notions comme la protection environnementale ou la lutte contre les problèmes environnementaux datent de plusieurs siècles.Cependant, ce n’est qu’à la fin du XIXᵉ siècle, au moment où les inquiétudes suscitées par la révolution industrielle ont fait leur apparition, que ces notions ont commencé à susciter un activisme public.
Au milieu du XXᵉ siècle, en 1969, l’Agence de protection de l’environnement a promulgué le National Environnement Protection Act, à l’occasion duquel les États-Unis se sont engagés à adopter des pratiques de développement durable.1 La loi érigeait au rang de politique nationale « la création et le maintien de conditions dans lesquelles les humains et la nature peuvent exister en harmonie productive, et qui permettent de satisfaire aux exigences sociales, économiques et autres des générations actuelles et futures. »
Plus tard, le concept de durabilité a été largement popularisé par la Commission de Brundtland, une sous-division des Nations Unies qui cherchait à unifier les pays par la poursuite du développement durable. En 1987, la Commission Brundtland a publié « Notre avenir à tous », un rapport qui définit le « développement durable » comme « a satisfaction des besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs ».2
Depuis lors, les termes « durabilité » et « développement durable » ont été utilisés de manière interchangeable, malgré de légères différences. Dans le trope « chemin et destination », la durabilité est l’objectif à long terme ou la destination, tandis que le développement durable est le chemin pour y parvenir.
En 2000, les Nations Unies ont accueilli de nombreux dirigeants mondiaux à New York lors du Sommet du Millénaire pour discuter de leur rôle et de son évolution au cours du nouveau millénaire.À l’issue du sommet, les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) ont été créés. Ils définissaient huit objectifs de développement international à atteindre avant 2015.Les OMD allaient de l’éradication de l’extrême pauvreté et de la faim à la garantie d’un environnement durable.
En 2016, les Objectifs de développement durable (ODD) ont remplacé les Objectifs du Millénaire pour le Développement par la définition de dix-sept objectifs de durabilité. Les ODD définissent un programme mondial pour le développement durable dans l’espoir d’améliorer la qualité de vie des populations et de parvenir à un avenir plus durable d’ici à 2030. Ce qui distingue les ODD des OMD, c’est qu’ils ont une portée plus large et sont mieux alignés sur les trois aspects de la durabilité.
Les experts s'accordent généralement à dire que la durabilité comporte trois dimensions ou piliers : l'environnement, le social et l'économique.
En général, les conversations sur la durabilité attirent l'attention sur l'environnement et se concentrent sur la lutte contre les problèmes environnementaux tels que le changement climatique, les émissions de gaz à effet de serre et la baisse de la biodiversité, entre autres.L'un des moyens de lutter contre ces problèmes consiste à abandonner collectivement les ressources limitées telles que les combustibles fossiles et à adopter des sources d'énergie renouvelables à zéro émission.Il s'agit d'une tactique que de nombreuses organisations déploient dans le cadre de leur démarche visant à atteindre zéro émission nette .
La durabilité sociale n’est pas encore aussi clairement définie. Certains spécialistes affirment qu'elle englobe toutes les activités humaines et que tous les domaines de la durabilité se ramènent à une composante sociale. Une société est durable lorsque sa population n'est pas confrontée à des obstacles structurels tels que l'inégalité des sexes, des richesses et des races, et que la priorité est donnée à l'équité sociale . Cela signifie que les citoyens ont accès aux soins de santé, au logement et à d'autres moyens de développement social. En bref, la durabilité sociale reconnaît que le bien-être de tous les individus détermine la longévité, l'efficacité et la durabilité d'une société.
La durabilité économique se concentre sur la pérennité des entreprises (c'est-à-dire leur rentabilité). La durabilité économique peut parfois sembler en contradiction avec la durabilité environnementale, d'où le concept de durabilité faible et forte. La durabilité faible renvoie à l'idée que la technologie fabriquée par l'homme peut remplacer les systèmes naturels. Par exemple, l'idée que la technologie de capture du carbone pourrait être plus efficace que la capacité d'un arbre à transformer le CO2 en oxygène. En revanche, la durabilité forte suggère que les systèmes naturels sont mieux équipés pour protéger l'environnement. Par conséquent, la technologie devrait céder le pas à ces systèmes, puisque le développement économique ne peut pas remplacer la nature. Dans les deux cas, la formule de la durabilité économique réside dans l'équilibre entre le profit et la planète.
Bien qu’ils aient été critiqués pour leur caractère trop large, trop ambitieux et trop difficile à suivre, les ODD servent aujourd’hui de cadre directeur pour les pays en matière de développement durable. Certains détracteurs ont déclaré que certains objectifs ne sont qu’une solution à court terme et nécessitent des compromis (par exemple : l’éradication de la faim se fait au détriment de la durabilité environnementale). D'autres ont noté des synergies entre les objectifs, soutenant l'idée que la création d'un avenir durable nécessite une approche plus globale qui prenne en compte toutes les dimensions de la durabilité.
En 2019, le Sustainable Development Solutions Network (SDSN), une organisation à but non lucratif créée par l’ONU, a publié un article intitulé « Six transformations pour atteindre les objectifs de développement durable (ODD). »L’objectif était de proposer une approche politique systémique pour atteindre chaque ODD en décrivant les six transformations qui doivent être réalisées.
Outre les ODD, il existe plusieurs pratiques durables que les gens peuvent appliquer dans leur vie quotidienne : la réduction des déchets alimentaires, l’adoption de sources d’énergie renouvelable et la réduction de l’empreinte carbone. L’expression « réduire, réutiliser, recycler » se produit souvent lorsqu’on parle de durabilité dans un contexte quotidien.
Divers organismes de gouvernance ont été créés pour établir des normes à l’intention des entreprises et leur fournir des conseils pour les aider à équilibrer la croissance économique avec la protection environnementale et le bien-être social. Citons comme exemple le Sustainability Accounting Standards Board (SASB), une organisation à but non lucratif qui s’efforce d’établir et de maintenir des normes sectorielles pour guider la divulgation d’informations sur la durabilité par les entreprises aux investisseurs et autres parties prenantes financières.
De même, l'International Sustainability Standards Board (ISSB) a développé des normes de reporting spécifiques à l'industrie pour le développement durable afin que les entreprises disposent d'une base de référence mondiale complète pour la divulgation des informations sur le développement durable. Le SASB et l’ISSB jouent tous deux un rôle crucial dans l’environnement actuel des entreprises, car les parties prenantes exigent plus de transparence sur les initiatives environnementales, sociales et de gouvernance (ESG) des entreprises.
La durabilité dans l’entreprise fait référence à la stratégie d’une entreprise pour réduire ou éviter un impact négatif résultant de ses opérations sur l’environnement et la société .Les pratiques de durabilité d'une organisation sont généralement analysées par rapport aux indicateurs ESG qui sont partagés avec le public par le biais de rapports ESG.La façon dont une entreprise choisit de structurer son reporting ESG dépend de facteurs tels que l’emplacement géographique et le secteur, et c’est pourquoi plusieurs cadres de reporting ESG existent.
Les entreprises durables reconnaissent à la fois les défis et les opportunités qui découlent de l'adoption de pratiques commerciales durables.Et bien qu'il n'existe pas d'approche universelle pour réduire les émissions de carbone ou réinventer une chaîne d’approvisionnement, il existe des exemples clairs de ce que les entreprises peuvent faire pour construire un avenir plus durable.
Par exemple, les organisations peuvent améliorer leur efficacité énergétique en déployant des pratiques de gestion de l’énergie et en utilisant des sources d’énergie alternatives. Les organisations peuvent également se tourner vers des pratiques de gestion intelligente des actifs, par exemple, si elles choisissent de déployer des infrastructures et des équipements qui produisent moins d’émissions de GES.Ce faisant, ils peuvent souvent économiser de l’argent et réduire leur impact climatique. En outre, les entreprises qui créent des chaînes d'approvisionnement efficaces et intelligentes peuvent être mieux équipées pour favoriser une économie circulaire, encourager la réutilisation, concevoir l'élimination des déchets, promouvoir la consommation durable et protéger les ressources naturelles.
De nombreuses organisations se rendent compte qu'elles n'ont pas besoin de sacrifier leurs résultats pour devenir une entreprise durable. En fait, certaines voient leurs marges augmenter grâce au développement durable. Sous l'angle de la protection de l'environnement et du bien social, ces entreprises évaluent les risques et améliorent leur résilience tout en tenant compte des réglementations externes et des objectifs de développement dans leur prise de décision.
Plus précisément, la Corporate Sustainability Reporting Directive (CSRD) est une législation de l'Union européenne qui oblige les entreprises à rendre compte de l'impact environnemental et durable de leurs activités commerciales, ainsi que de leurs initiatives ESG. Le Sustainable Finance Disclosure Regulation (SFDR)(SFDR) vise à faire de même en normalisant le reporting des indicateurs ESG.
Pour les sociétés, la durabilité fait référence à la stratégie et aux actions qu’elles mettent en place pour éliminer les effets néfastes de leurs opérations métier sur l’environnement et la société.
Le Sustainable Accounting Standards Board (SASB) est un organisme de normalisation pour la divulgation des risques et des opportunités en matière de développement durable.
La Corporate Sustainability Reporting Directive (CSRD) exige des entreprises qu'elles rendent compte de l'impact environnemental et social de leurs activités, ainsi que de l'impact de leurs efforts et initiatives en matière d'ESG.
La neutralité carbone correspond au moment où les gaz à effet de serre émis dans l’atmosphère sont équilibrés par une quantité équivalente éliminée de l’atmosphère.
Les cadres ESG sont utilisés par les organisations pour rendre compte publiquement et de manière détaillée des indicateurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) relatifs à leurs activités.
La gestion de l’énergie aide les entreprises à surveiller et à optimiser la consommation d’énergie pour réduire les coûts énergétiques.
Notes de bas de page
1 En savoir plus sur le développement durable (lien externe à ibm.com), Environmental Protection Agency (EPA), le 16 octobre 2023
2 Notre avenir à tous (lien externe à ibm.com),Commission mondiale sur l’environnement et le développement, octobre 1987