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Les entreprises françaises face au défi du multicloud

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Il n’y a plus de débat, le cloud fait aujourd’hui partie intégrante du système d’Information des entreprises françaises. D’après IDC, ce sont 70% des entreprises qui ont déjà embrassé une solution de cloud et, parmi elles, la moitié utilisent une approche multicloud. D’ici 2 ans, ce seront 50% des entreprises qui seront en schéma multicloud.

Pourquoi se tourner vers le multicloud ?

Les besoins qui ont conduit à ces choix sont de plusieurs ordres : besoin d’évolutivité, de performance, de rapprochement entre la DSI et les métiers dans le cadre d’une transformation digitale pour accélérer les cycles de développement, la nécessité d’une gouvernance accrue des données… Ce sont autant d’éléments qui vont dicter les choix d’architectures et la diversité des formats de clouds utilisés.

Mais cette hybridation du système d’information et la multiplication des clouds engendrent un certain nombre d’enjeux et de défis à relever.

IDC, en partenariat avec IBM, a mené au printemps dernier une enquête auprès de 170 entreprises françaises de plus de 500 salariés pour mieux comprendre leurs leviers et leurs défis face au multicloud. Il en résulte cette étude dont les résultats ont été restitués lors de la conférence IDC du 19 septembre dernier dont je me fais ici porte-parole d’un certain nombre de messages délivrés.

 

Quelques chiffres clés sur le marché du cloud

Revenons tout d’abord sur quelques chiffres clés qui ont été présentés par Reynald Fléchaux, Research Analyst chez IDC, lors de la conférence.

Premier élément de contexte, plus d’une entreprise interrogée sur 2 explique qu’au sein de son organisation, l’innovation se fait en continu afin de proposer de nouveaux produits et services et seulement 4% des DSI déclarent qu’il y a peu ou pas de stratégie de transformation numérique dans leur entreprise. Les stratégies de transformation digitale sont donc bien une réalité dans l’entreprise, ce qui fait peser sur l‘informatique des contraintes très fortes. Le premier impact pour 53% des DSI est le besoin d’une informatique plus performante, suivent les besoins de rapprochement de la DSI et des métiers, de modernisation de l’existant avec les dernières technologies, des attentes plus fortes sur la sécurité et le besoin d’une informatique rapidement évolutive, un besoin d’automatisation pour réduire les coûts, d’une gouvernance des données, de réduire le temps de développement et de déploiement des applications.

De par sa capacité à accompagner la croissance des besoins au fil des usages, le Cloud répond à une bonne partie de ces enjeux. IDC nous indique qu’à horizon de 2 ans, la part des réfractaires au Cloud va diminuer de 10 points alors que la part des entreprises utilisant à la fois le cloud public et le cloud privé va, elle, progresser de 10 points.

Cette transition vers le cloud a un impact profond sur les nouveaux développements. 37% des nouvelles applications sont déjà conçues nativement pour le cloud. Cette moyenne masque en réalité un décalage déjà très net entre le secteur privé qui est déjà bien avancé sur le sujet et le secteur public plus en retard.

Retenons que d’ici à 24 mois, au sein du secteur privé, un peu plus de la moitié des nouvelles applications seront développées nativement en technologie cloud. On constate aussi que la part du portefeuille applicatif existant qui va être adapté au cloud va passer de 15 à 20% en 2 ans, la majorité du parc applicatif restera donc tout de même sur des architectures traditionnelles.

 

Quels sont les usages du Cloud ?

En termes d’usage des services de cloud public, on constate que c’est le SaaS qui se détache assez nettement, il est utilisé par un peu plus de 7 utilisateurs de cloud public sur 10, près de 2 fois plus que le IaaS. Les usages du PaaS paraissent nettement en retrait par rapport aux 2 autres types de services, reflet d’un certain manque de maturité encore sur le sujet dans la plupart des entreprises françaises.

 

Pourquoi les entreprises se tournent vers le cloud public ?

La 1ère raison est la souplesse d’utilisation, l’évolutivité et l’automatisation que ces environnements procurent. Ensuite on retrouve la volonté de réaliser des économies puis des facteurs qui renvoient aux caractéristiques intrinsèques du SaaS (le service qui est le plus développé de très loin), par exemple même version du logiciel pour tous les utilisateurs ou garantie de disposer d’une application toujours à jour.

Cependant, on constate aussi via cette étude que, si le cloud public se développe assez rapidement, ce n’est pas au dépend du cloud privé qui va continuer à croître lui aussi dans les années qui viennent même si sa croissance est inférieure au cloud public. Selon l’enquête, 6 entreprises utilisatrices sur 10 exploitent aujourd’hui au moins un cloud privé et son usage est souvent assez extensif : 39% de ces utilisateurs en font l’approche privilégiée pour couvrir un nouveau besoin. La tendance est plutôt à un approfondissement des pratiques d’externalisation des clouds privés avec un gain de 6 points parmi les utilisateurs de clouds privés qui envisagent une externalisation partielle ou totale.

Les motivations des entreprises pour recourir au cloud privé sont sensiblement différentes de celles du cloud public. c’est avant tout une volonté de maîtrise qui se manifeste. Une maîtrise de la sécurité d’abord mais également de l’infrastructure au sens large.

Les PME citent la maîtrise, la qualité de service et les contraintes réglementaires comme des facteurs les incitant à se tourner vers ce type d’environnement. Les entreprises les plus grandes sont, elles, plus sensible au coût total de possession et à la souplesse de ce type d’architecture.

“On constate que près d’une entreprise sur 3 exploite déjà plusieurs clouds privés en parallèle d’un ou plusieurs clouds publics”

La montée en puissance du cloud public, la volonté d’équilibre entre les différents fournisseurs de cloud et la volonté des entreprises de conserver des environnements maîtrisés, dessinent un paysage largement marqué par l’hybridation et le multicloud. On constate que près d’une entreprise sur 3 exploite déjà plusieurs clouds privés en parallèle d’un ou plusieurs clouds publics. Derrière on retrouve au même niveaux des configurations basées sur plusieurs clouds privés ou des associations entre un cloud privé et plusieurs clouds publics. La configuration qui associe un cloud privé et un cloud public seulement et elle beaucoup moins courante. Quant au choix de s’appuyer uniquement sur des clouds publics, cela reste assez marginal.

 

Les défis du multicloud

Si l’hybride et le multicloud amènent en même temps souplesse du cloud public et maîtrise du cloud privé aux entreprises, cela ne va pas sans poser un certain nombre de défis.

 

  • La capacité à mettre en place des usages combinant cloud public et cloud privé

Dans 1 cas sur 2, on voit que l’association entre les 2 environnements est assurée par des API, dans 39% des cas les 2 environnements sont complètement dissociés et dans 13% des cas, un scénario de débordement du cloud public sur le cloud privé a été mis en place.

 

  • Le manque de compétences

44% des DSI interrogés citent la problématique du manque de compétences en interne comme le problème n°1. C’est un sujet qui domine toutes les autres préoccupations, en particulier dans les entreprises les plus petites.

 

  • Les freins opérationnels

L’absence de solutions d’orchestration, la difficulté à comparer les services entre les différents fournisseurs ou à gérer la conformité et la sécurité sur plusieurs clouds… Moins d’un utilisateur de clouds sur 5 a mis en place une forme de gouvernance des différents environnements : des processus de sélection, des règles d’utilisation des différents environnements…

 

  • Les freins au déploiement des conteneurs

En arrière-plan de cette mutation du portefeuille aplicatif vers le cloud, on retrouve le sujet des nouvelles technologies de développement. Les microservices qui permettent de redécouper une application en un ensemble de services indépendants les uns des autres, services qui peuvent alors évoluer à leur propre rythme favorisant ainsi les cycles courts d’innovation et qui sont souvent supportés par la technologie des conteneurs. L’utilisation de ce type d’architecture ou l’étude de ses bénéfices touche déjà une grande entreprise sur 2. Elle est en revanche encore très confidentielle parmi les PME (6% des utilisateurs de cloud).

1 DSI sur 2 dit utiliser les conteneurs ou s’y intéresser tant pour créer des applications nativement cloud que pour moderniser des applications existantes vers des architectures à base de microservices. Ces 2 réponses dominent nettement la volonté de remplacer des VM qui n’est donc pas encore le sujet majeur des DSI.

Les freins au déploiement des conteneurs résident encore une fois dans le manque de compétences (cité par 43% des utilisateurs actuels ou futurs de cloud), ce facteur devance nettement la complexité de leur sécurisation.

 

Témoignages

En réaction à l’étude présentée, Vincent Lauriat CTO d’Europcar et Franck Besnard CTO IBM Global Technical services, nous donnent leur point de vue quant à leur expérience.

Pour Franck, le multicloud est une réalité, nous commençons à voir des applications hybrides et cela ne va pas sans poser des problématiques de développement, d’opérations et autres. Les DSI les plus avancés y répondent par une notion de centre de compétences cloud qu’ils mettent en place pour pouvoir consommer, gouverner le cloud et mettre à disposition des compétences aux métiers. Certains vont même jusqu’à éclater la DSI pour constituer des dizaines de « squads » qui se mettent au service des métiers. De nouveaux profils et de nouvelles pratiques apparaissent également (exemple FinOps, ChatOps) qui vont dans la continuité de DevOps et ces nouvelles pratiques doivent être adaptées et prises en compte par les entreprises.

Europcar confirme cette nouvelle approche, chez eux les squads s’appellent des « lignes de produits », autant d’équipes qui gèrent des projets de manière plus agile que dans une DSI classique.

La transformation chez eux s’est faite de manière radicale car ils ont effectivement supprimé la DSI au profit d’une organisation technologique, produit, quelque chose d’hybride entre le métier et la technique dans une logique d’agilisation de tous leurs développements et une organisation qui allait prendre en charges toutes les technologies de la société. Ils ne parlent donc plus de système d’information mais de technologies. Cela était nécessaire car la société a connu une forte croissance externe ces dernières années en intégrant des start-ups qui avaient des modes de fonctionnement très différents du leur. Certaines n’avaient aucune ressource pour les Opérations car elles étaient cloud native sans jamais avoir eu de ressources informatiques autres que des développeurs. Ils ont fédéré tout cela autour de méthodes DevOps et cela leur a permis de tous travailler ensemble entre petites start-ups et grosse DSI de 500 personnes.

“Les conteneurs c’est la promesse de portabilité cross clouds, de réversibilité et d’hybridation”

D’après Vincent Lauriat, les conteneurs c’est la technologie qui permet de s’affranchir du cloud et et de complètement intégrer les cycles de développement, ils ont rendu les choses plus souples. C’est la technologie qui accompagne les méthodes de développement qu’il pousse aujourd’hui et la flexibilité qui les accompagnent.

Pour Franck, les conteneurs c’est la promesse de portabilité cross clouds, de réversibilité et d’hybridation. Il s’agit également d’une révolution dans les méthodes de travail, il faut penser cloud native à tous les niveaux, dans le Dev, dans les Ops et opérer les changements nécessaires dans les organisations.…

 

Maximiser le potentiel du multicloud grâce aux conteneurs

D’après Erwan Maréchal, Cloud Client Advisor chez IBM, les conteneurs sont la plus forte innovation depuis 20 ans. Le multicloud n’est pas simplement un « lift and shift », il faut complètement repenser l’informatique et les conteneurs représentent un levier qui permet de s’affranchir des fournisseurs de cloud.

Erwan aime utiliser la comparaison physique du conteneur et de son impact sur le transport maritime à l’échelle mondiale… Le conteneur est une invention d’il y a 50 ans et, en 50 ans, le prix du transport de marchandise à l’échelle mondiale a baissé globalement de 10% par an, jusqu’à arriver à un seuil avec la généralisation de la technologie où c’est devenu une simple variable ajustée au prix du carburant qui est devenu un élément essentiel. L’un des éléments importants associé aux conteneurs c’est l’infrastructure portuaire parce que sans celle-ci le conteneur n’a aucun intérêt, les cargos sont eux-mêmes optimisés pour porter les conteneurs et les ports sont optimisés pour manipuler les conteneurs. C’est ce qu’on va vivre dans l’informatique ces prochaines années.

Dans ce contexte, Kubernetes représente une révolution à part entière. Kubernetes c’est l’infrastructure portuaire associée aux conteneurs. C’est cela qui permet d’utiliser les conteneurs et de les gérer.

D’après une étude d’IDC sur l’usage des conteneurs et des VM, les conteneurs ont déjà dépassé le nombre de VM à l’échelle mondiale et on arrive à un facteur quasiment de 10. On comprend bien que la VM qui était l’objet par défaut manipulé par les organisations IT, va perdre son statut, Aujourd’hui l’objet de la production informatique c’est le conteneur et toutes les organisations se demandent comment implémenter cette technologie et comment cela va transformer leur métier.

Les premiers éléments de preuve, toujours d’après les propos d’Erwan, c’est que le conteneur est déjà utilisé pour les applications critiques et que les géants de l’informatique ont compris que les Kubernetes allaient devenir essentiels dans leur proposition de valeur à leurs clients.

En effet, IBM a lourdement investi dans le rachat de Red Hat notamment parce que leur plateforme Kubernetes OpenShift était devenue celle qui avait connu le plus grand déploiement et la plus grande part de marché chez les clients existants et qui était extrêmement populaire parce qu’elle permettait d’avoir une expérience totalement intégrée dans l’usage de Kubernetes. De même Amazon et Azure proposent leurs propres services AKS et EKS.

 

Comment IBM s’adapte à ce nouveau marché ?

IBM change donc totalement d’approche dans sa commercialisation de middlewares et propose maintenant des middlewares que les entreprises vont pouvoir déployer sur des conteneurs en fournissant les éléments nécessaires pour qu’elles puissent les opérer à l’échelle et les monitorer. Dans cette offre, OpenShift est le « baricentre » qui permet la transposition sur l’ensemble des clouds, Azure ayant une offre Openshift, Google également toutes baricentrées sur Kubernetes donc tout le monde a la capacité à s’affranchir et se libérer de n’importe quel vendeur. IBM fournit donc une offre qui va regrouper différents types de logiciels par domaines pour qu’un professionnel puisse trouver tout ce qu’il veut. C’est à la fois une offre technologique et commerciale centrée sur des cas d’usage. Par exemple, grâce à IBM Cloud Pak for Multicloud, vous pouvez gérer le multiclustering, déployer une application positionnée dans un cloud privé sur OpenShift sur AKS, sur GCP et l’opérer avec vos mêmes règles. IBM voit donc bien l’avenir dans l’hybride et le multicloud.

 

 

 

Public Cloud Field Marketing Manager, IBM

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