Intelligence Artificielle

L’enrichissement mutuel entre recherche privée et publique bénéficie à tous

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La collaboration entre recherche privée et publique trouve un nouveau terrain d’expression sur le pôle scientifique et technologique de Paris-Saclay. IBM prend part à cette dynamique et fait avancer la recherche et les applications en matière d’intelligence artificielle. Explications avec Christian de Sainte Marie, Directeur du Centre des Études Avancées d’IBM France Lab.

En quoi la recherche privée est-elle complémentaire de la recherche publique ?

Christian de Sainte Marie – La recherche privée et la recherche publique, qui ont toutes deux pour mission de produire de la connaissance, sont complémentaires à plusieurs niveaux. Leurs objectifs et les éléments sur lesquels elles sont mesurées diffèrent. Un chercheur du public sera évalué sur ses publications et l’apport de son travail vis-à-vis de ses confrères. Un chercheur du privé sera, lui, jugé sur la manière dont son entreprise pourra valoriser la connaissance qu’il produit, sur sa capacité à améliorer les produits ou à les mettre sur le marché.
Dans la recherche publique, quand on bute sur un problème, on peut parfois en faire abstraction, considérant que quelqu’un d’autre le résoudra.  Dans la recherche privée, il faut généralement que quelqu’un parvienne à résoudre le problème. D’une certaine manière, la recherche publique accorde plus de liberté aux chercheurs car elle offre l’opportunité d’explorer un ensemble de domaines, et en travaillant sur des questions de recherche fondamentale, ils découvrent parfois des applications pratiques qu’ils n’avaient pas imaginées. Les chercheurs privés sont, eux, plus près de la recherche appliquée et du développement des produits, mais ces chercheurs ont tout de même besoin de connaître les lois fondamentales et de travailler en gardant un fil conducteur entre les différentes découvertes. Quand IBM travaille sur l’ordinateur quantique, il utilise des principes de supraconductivité découverts dans les années 70…
L’enrichissement mutuel se fait au bénéfice de tous. Les chercheurs privés peuvent bénéficier d’un vaste ensemble de chercheurs publics, moins contraints dans leur exploration. Les chercheurs publics, en retour, peuvent bénéficier des développements technologiques issus de la recherche privée. Et parfois c’est l’inverse. Dans l’informatique, où il est essentiel d’avoir accès à des données d’utilisation réelles des applications et aux retours utilisateurs, les chercheurs publics ont besoin de se rapprocher de la recherche privée.

Quels exemples de collaborations fructueuses peut-on citer ?

C. de S. M. – Les programmes européens de recherche et développement mis en place dès les années 80 sous l’appellation ESPRIT, devenus depuis Horizon 2020, ont permis de financer de nombreux projets dans la recherche publique et privée et d’apprendre aux chercheurs à collaborer. Trente ans plus tard, en 2019, nous pouvons nous appuyer sur un réseau de chercheurs publics et privés qui se connaissent et savent travailler ensemble pour nouer les partenariats les plus pertinents. Les projets ont été plus ou moins fructueux, mais ils ont permis de mieux comprendre ce qui fonctionne et ce qui permet un meilleur partage de la connaissance. Cette collaboration public-privé se retrouve aussi au niveau national avec des programmes qui financent le risque additionnel qu’il y a à collaborer.

Quel est le sens de l’implantation d’IBM sur le site de Paris-Saclay ?

C. de S. M. – Le plateau de Paris-Saclay concentre déjà de nombreux centres de recherche publics, qui attirent à leur tour de grands laboratoires de recherche privée : ceux de Servier, Thales, Danone, EDF… et IBM, qui vient d’arriver mi-janvier. Toutes ces entités vont pouvoir travailler ensemble plus facilement et de manière plus efficace. Pour collaborer, la proximité est très importante. Guerbet, spécialiste de l’imagerie médicale diagnostique et interventionnelle, avec lequel nous avons noué un partenariat, a décidé d’implanter des équipes communes à Saclay. Cela permettra d’avancer plus rapidement sur un premier produit : Liver Care Advisor. La prochaine étape de notre collaboration impliquera nécessairement une phase de recherche.
Plus il y aura de centres de recherche sur le plateau, plus l’effet d’entraînement sera important et plus il sera intéressant d’y être présent. Avant l’arrivée d’IBM, il manquait un grand acteur privé de l’informatique et de l’intelligence artificielle (IA). Le groupe a donc estimé qu’il y avait une place à prendre dans cet écosystème en construction. Pour le moment, nos premiers bureaux et une zone de rencontre vont nous permettre de lancer des programmes de recherche avec nos clients pour devenir un véritable centre de co-innovation dédié à l’IA. L’objectif à terme est d’étoffer les équipes et de permettre à nos chercheurs de poursuivre les collaborations scientifiques déjà engagées avec l’université Paris-Saclay, l’École Polytechnique, HEC ou Centrale/Supelec. En parallèle, ils s’impliqueront dans le développement ou la création de nouveaux services. C’est par exemple depuis la France que sera piloté le projet IBM Business Automation with Watson, qui vise à concevoir une plateforme ouverte capable d’aider les entreprises à intégrer l’IA dans leurs processus opérationnels. Nous concentrerons toute la chaîne de valeur sur un même site.

Sur quels types de projets vont se concrétiser les premières collaborations ?

C. de S. M. – Aujourd’hui, de nombreux projets sont en cours à Paris-Saclay, donnant lieu à la prochaine génération d’IA. Au cours des années 80, on a développé des « systèmes experts » basés sur une connaissance explicite, donnée par des experts. Au milieu des années 90, une première vague d’IA « à base de connaissance symbolique » a permis d’automatiser différentes tâches de routine. Depuis trois ou quatre ans, le machine learning, le deep learning et les réseaux de neurones permettent de créer des applications efficaces pour prendre des décisions. Cette nouvelle vague devrait pourtant buter sur deux difficultés : l’explication de ces décisions, nécessaire pour engendrer la confiance, et aussi, le raisonnement liés à celles-ci.  À l’avenir, il faudra donc faire converger les deux étapes précédentes, car certains domaines nécessitent une IA à base de connaissance et de données. Une équipe d’experts en algorithmique basée à Saclay va se consacrer à la question dans le cadre d’un projet initié par IBM au niveau mondial, AutoAI. Nous ne sommes pas les seuls à travailler sur ces sujets mais le groupe peut apporter des compétences et une approche experte qui pourra bénéficier à l’ensemble de l’écosystème. Notre présence à Paris-Saclay sera une bonne opportunité pour y parvenir.

Lire le communiqué de presse Inauguration d’IBM Paris Saclay

 

Directeur du Centre des Études Avancées d’IBM France Lab

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